La relation d’objet allergique, décrite par P. Marty en 1958, suppose un mouvement d’identification sans limite entre sujet et objet, un objet-hôte dont la qualité principale sera d’être et de rester indifférencié, sans place possible pour un quelconque tiers, sans issue pour laisser s’envisager deux objets distincts dont le seul destin serait de n’en faire qu’un. Point d’angoisse objectale, ici, et donc de bascule d’une détresse sans objet à une phobie de l’étranger. Entre saisie identificatoire et aménagement de cette identification, c’est, précisément, lorsque cet aménagement n’est plus opérant que surviennent régression et fixation archaïque, débouchant alors sur une crise somatique allergique. Dans ce cas, comment penser le soma lorsque dedans et dehors se confondent, ou lorsque le soi ne se différencie plus du non-soi ?
Depuis les travaux de M. Bouvet sur la relation et la distance à l’objet (1956, 1966) jusqu’au travail du négatif (Green, 1993), c’est bien la question de l’objet mais par défaut qui occupe la scène. L’altérité menace la vie psychique de celui qui ne peut, sans danger, en faire l’expérience, mobilisant alors fusion ou négation afin de s’en protéger.
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